Formation en vue de l’objectif 8 : découvrir le principe alphabétique
La découverte du principe alphabétique est un objectif fondamental de l’école maternelle. la scolarité ultérieure des enfants dépend de ce qu’ils auront alors compris de la langue écrite. Et… ce n’est pas du tout équivalent à ce qu’on appelle « connaître ses lettres »…
Les 3 piliers de cette formation sont :
1. être un expert du système phonologique du Français,
2. savoir parfaitement « phonémiser », c’est-à-dire bruiter tous les phonèmes d’une chaîne parlée, assez longue,
3. savoir interpréter un tracé d’enfant après une commande d’écriture.
La compétence 1 relève de ce qu’on appelle un « savoir savant » parce qu’il s’agit de la description de phénomènes articulatoires et acoustiques propres à notre langue, tels que la reconstitution du flux sonore les décrit (voir pages 135-136 l’exemple de Titi). Aussi curieux que cela puisse paraître, les formations font toujours l’impasse sur cette question, considérée comme allant de soi pour les adultes. Oh que non !
La compétence 2 est la conséquence de la précédente. Quand on connaît bien le système phonétique du Français, on peut bruiter n’importe quel mot et suite de mots. Ce sera une bonne façon,
– d’une part de comprendre ce que perçoivent les enfants qui sont, eux, non-alphabétisés,
– d’autre part de bruiter pour eux, en les mettant ainsi en réception de 2 chaînes sonores, l’une « ordinaire » (c’est le langage qu’on leur adresse et qui est signifiant), l’autre « bizarre » (une suite de bruits) qu’ils pourront « reconstituer » pour retrouver la précédente.
La compétence 3 nécessite un autre « savoir savant », cette fois-ci d’ordre développemental. Avec des repères des chemins empruntés par les enfants, un enseignant peut rapidement comprendre la logique d’un tracé et ainsi en parler à l’enfant (métacognition). Cette « grille de lecture » doit être mentale et non sur le papier, ce qui nécessite de l’entraînement chez le maître.
Une telle formation demande un minimum de 5 journées :
– 2 pour apprendre le système phonologique du Français puis s’entraîner à bruiter (en production) et « déchiffrer » un bruitage (en réception),
– 1 pour préparer et apprendre les consignes d’une commande d’écriture,
– 1 pour aller en classe à deux, faire la commande à un groupe d’enfants, étudier les tracés obtenus,
– 1 en grand groupe pour analyser, interpréter et regrouper ces tracés, puis s’entraîner à réagir auprès des enfants auteurs des tracés.
Le démarrage de cette formation doit poser clairement son but : apprendre à interpréter des réponses d’enfants afin de pouvoir ensuite les aider au mieux.
Et je milite pour qu’on arrête d’appeler « formation » des plages de quelques heures…