Objectif 7

Commencer à produire des écrits et en découvrir le fonctionnement

Avec l’objectif 7 on va travailler au niveau de l’énonciation écrite.

Enoncer par écrit c’est parler à quelqu’un qui n’est pas là et qui ne voit pas celui qui parle. D’où les ressembles et les différences avec l’énonciation orale : on peut dire « la même chose », sauf qu’il faut que le destinataire comprenne qui parle de quoi. Les enfants qui entendent peu, ou pas, cette nouvelle « langue » seront handicapés lorsqu’ils seront en lecture autonome dès le cycle 2.

Comment faire pour qu’ils découvrent ça ?

Vous avez 2 moyens, qu’il faut utiliser sans modération.
En réception du point de vue des enfants, c’est l’objectif 5
En production du point de vue des enfants, c’est l’objectif 7.

Avec l’objectif 5, écouter de l’écrit et comprendre, défini dans le programme, l’enjeu est d’habituer  les enfants à la réception de langage écrit afin d’en comprendre le contenu.
Les habituer à produire de l’écrit, c’est l’objectif 7..
C’est un objectif ambitieux qui vise à bien préparer tous les enfants au cycle 2, tous, même (et surtout) ceux qui n’assistent pas à des utilisations d’écrit à la maison.

Vous pouvez comprendre maintenant que les objectifs relatifs à l’écrit recouvrent 3 niveaux:
– celui de la nature même de l’écrit en tant que symbolisme (obj 6)
– celui de l’énonciation écrite, en réception dès la PS (obj 5), et en production d’abord par un adulte puis en l’accompagnant (obj 7)
– celui du code permettant l’écriture du français (obj 8).
Tout ça constitue la première culture de l’écrit des écoliers de maternelle.

La condition d’une production d’écrit réussie est que ça doit intéresser les enfants. Il peut s’agir de textes qu’ils savent par cœur et qu’ils vont voir écrire (comptines, poésies). Il peut s’agir de textes entièrement inventés, comme des histoires ou des récits d’expériences vécues à l’école. Il faut prendre son temps et bien saisir les enjeux : discours oral, puis transformation en langue « écrivable », puis tracé en utilisant le code et tous les signes spécifiques de l’écrit (majuscule, retour à la ligne, etc), relectures régulières et correction. Plusieurs séances sont souvent nécessaires. Et le programme précise :

Comme il n’y a pas de pré-lecture à l’école maternelle, la prise en charge partielle des activités que les adultes mènent avec l’écrit se fait en production.

On appelle « prise en charge partielle » le fait que les enfants vont peu à peu commencer à dicter. Même s’ils ne dictent pas vraiment (ce n’est possible qu’en CP), les apprentissages des enfants sont alors extrêmement nombreux : tous les niveaux de symbolisation sont rendus visibles et toutes les conventions de l’écrit. Parce qu’ils assistent:
–> à la l’explication de l’enjeu du texte à venir  par le maître (« c’est pour dire … à … que… », « c’est pour montrer… à … que », etc),
–> à la verbalisation de ce qu’on a à « dire » (ça se fait en oral ordinaire),
–> à la planification du futur texte (« on va commencer par… », « après…),
–> à l’écriture du début, avec simultanéité du dire et du faire (tracé parlé),
–> à la relecture à voix haute de ce qui vient d’être écrit pour décider si « ça va » ou « ça va pas »?
–> à l’écriture de la suite qui doit bien être comprise par le futur récepteur,
–> à l’ensemble des relectures et des corrections (ajouts, déplacements, suppressions, paraphrases),
–> et enfin au test final quand le récepteur prend connaissance de ce texte.

Cette expérience, dès la maternelle, n’a aucun équivalent didactique ou pédagogique. Les enfants font de très nombreuses découvertes avec ces séances.

Au bout du compte, les enfants peuvent faire des pseudo-lectures avec presqu’une synchronisation d’un discours su par cœur et suivi du doigt. Ils utilisent comme repères tous les signes qu’ils ont fréquentés depuis des jours ou des semaines: paragraphes, majuscules, signes de ponctuation, etc. C’est ça découvrir le fonctionnement des textes écrits.

Cette activité de production en tutelle est conseillée en maternelle depuis bien longtemps, toujours sans succès. Les enseignants disent : ça prend du temps . Oui, tant mieux, c’est du travail. Tous les détails de ces situations sont dans mon livre (187-207).

Si on a choisi, avec des collègues des différentes recherches, de produire « La grande Histoire » en GS, CP et CE1 c’est parce qu’elle permet toutes les découvertes linguistiques précédemment citées dans un contexte affectif immense. Les enfants l’aiment comme LEUR histoire. Ils en font des pseudo-lectures aux parents et aux autres classes comme LEUR exploit. Et n’oublions pas que le livre final n’est surtout pas illustré:
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