L’agentivité vient du terme anglais « agency », qui désigne le sentiment chez l’enfant d’être capable de produire un effet. La période qui nous intéresse est juste après la marche: les enfants se ressentent autonomes et capables de vaincre les plus grands obstacles (par exemple contourner un caillou pour continuer son chemin). Les « ingrédients » de l’agentivité, véritable moteur de vie, sont: un enfant qui a une bonne image de soi et des adultes qui ont envie de voir l’enfant se débrouiller tout seul. A partir de là, les adultes donnent des occasions à l’enfant de mettre son pouvoir d’agent à l’épreuve. Et c’est parti!! L’enfant se met à faire ce qu’il n’a jamais fait, et à refaire indéfiniment cet exploit, tout en tournant le regard vers l’adulte pour vérifier qu’on le regarde avec admiration.
On voit ici l’enchaînement des capacités innées des bébés, leur développement avec tension vers « être grand » et la place des « bravos » adultes dans ce déroulement.
Bien que ce moteur soit caractéristique de toute la petite enfance, il y a une période où il est plus visible, juste parce qu’il a des conséquences motrices donc visibles. Cette période est celle qui suit la première réussite de la marche. Quelque temps après cette conquête, parfois quelques jours seulement, l’enfant cherche à être en exploit moteur, juste dans sa zone de capacité. Voici par exemple 2 enfants qui n’ont aucun rapport de mode garde, qui, le lendemain de la marche, se mettent à pousser une petite chaise. On remarque le choix de cette activité qui leur permet d’avoir un appui des mains ET qui permet le déplacement en toute sécurité: c’est un déambulateur.
Pensez-y maîtresses de TPS, mettez des chaises en salle de motricité et vous allez voir le grand bonheur de vos petits!
Grégoire en 2024, à 1an 1 mois.
Charles en 2016, à 1an 4 mois.
Bravo les enfants!!!
J’ai choisi un autre exemple typique de l’agentivité moteur d’une activité totalement intellectuelle c’est-à-dire beaucoup moins (ou pas du tout) visible.
Après une sortie au cirque, une fillette très timide, en fin de MS, dit à la maîtresse pendant la récréation: « je te dis mon histoire. C’est l’histoire d’un clown blanc qui veut une trompette blanche. Il la fait en sucre et il la mange en soufflant« .
Et elle ajoute 3 fois: « c’est moi qui l’ai inventée », « c’est moi qui l’ai inventée », « c’est moi qui l’ai inventée« .
C’est cette dernière répétition qui montre la conscience et la fierté de la fillette qui se sent pleinement auteur de l’exploit.