Attention conjointe

Tomasello M. (1999) considère que l’attention conjointe est un phénomène qui appartient à ce qu’il appelle la révolution des neuf mois.
« A six mois, les bébés interagissent avec les objets de manière dyadique : ils s’en saisissent, les manipulent… Si quelqu’un se trouve près d’eux pendant qu’ils manipulent un objet, ils ne lui prêtent à peu près aucune attention… A l’inverse, ils ne prêtent aucune attention à un objet qu’on place à leur portée s’ils sont en train d’interagir avec quelqu’un…
En revanche, de nouveaux comportements émergent aux environs de l’âge de 9 mois, non plus dyadiques mais triadiques ; une coordination se met en place dans leurs interactions avec gens et objets, donnant naissance à un triangle référentiel : l’enfant, l’adulte et l’objet (ou l’événement) vers lequel ils dirigent tous deux leur attention. On appelle attention conjointe cet ensemble de compétences sociales et d’interactions
. »
Pour ce chercheur, l’attention conjointe est un « format » d’acquisition du langage. Car pour un tout petit, les sons qu’il perçoit venant d’un adulte ne sont que des sons : « ils deviennent du langage à partir du moment où l’enfant comprend que l’adulte les émet afin qu’il prête attention à quelque chose, et à partir de ce moment-là seulement ».
Comprendre les intentions de communication met les enfants sur la voie de l’intersubjectivité : le pointage autour de 1 an, aussi bien le fait que l’enfant peut inverser les rôles et utiliser le procédé qu’a utilisé l’adulte pour créer son intérêt, sont des bases des activités symboliques, dans l’intersubjectivité. D’où les travaux de Bruner (1975, 1987) montrant l’entrée des enfants dans le langage, d’abord dans des formats d’interactions non linguistiques. L’aspect social de ces formats (bain, couches, repas, lectures de livres, etc) va leur donner envie d’avoir eux aussi des intentions et d’utiliser des mots. Le langage des adultes est alors décisif. De très nombreuses recherches en laboratoire montrent que tous les enfants, à partir d’environ 2 ans, apprennent le sens de « faux mots » en fonction des scènes d’attention conjointe qu’ils vivent, par exemple, il faudrait daxer Mickey quand « daxer » est utilisé dans un seul contexte linguistique, et en jouant.

cc