Communication

Dans les processus d’acquisition du langage, le mot « communication » n’a pas le sens connu des adultes qui est généralement « transmission d’information ». Car ni le bébé envers ses parents, ni les parents envers leur bébé n’ont réellement besoin d’une telle « communication ». Mais ils ont besoin d’autre chose.
Le besoin des parents est « de savoir ce qui se passe dans la tête de leur bébé à certains moments » (Stern, Journal d’un bébé). On l’entend dans les paroles qu’ils lui adresse très tôt: « oh ça te plaît ça! », « bon, t’as pas envie de… ». Ils interprètent ce qu’ils considèrent comme signaux d’état intérieur de l’enfant et lui renvoient cette interprétation. C’est cet aller-retour incroyable qui va mettre le bébé sur le chemin du langage en créant son besoin de participer, lui aussi, à du dialogue. Même sans parler. C’est donc, comme l’a si bien décrit Jérôme Bruner, dans des scènes de la vie quotidienne qui se répètent, que naissent les première communications: un bébé qui aspire et souffle dans un bruit bizarre pour dire que quelque chose lui plaît, un bébé qui bouge la tête de droite à gauche pour dire qu’il ne veut pas qu’un certain adulte s’approche de lui… toutes ces premières communications renvoient à des sensations personnelles.
C’est pourquoi, en 2014 lors du travail sur le brouillon du programme, j’ai choisi « Oser entrer en communication » comme premier objectif du langage dans le texte officiel qui paraîtra en 2015.
C’est de cette communication-là qu’il s’agit, c’est-à-dire « le plaisir qu’on a à penser la même chose autour d’un affect » comme le dit Laurent Danon Boileau.
Bien sûr, ces premières manières de communiquer sont les fondements du langage articulé qui va se construire.

Ici, Charles communique avec son ours…

Et comme il s’agissait de construire un Programme en milieu scolaire, j’ai choisi le verbe « oser » pour renvoyer à la question de la prise de parole dans un groupe. Tout le monde sait que ce n’est pas facile de s’exposer en disant quelque chose devant autrui. Pourtant, à l’école, ce doit être le cas parce que c’est un lieu où tous les essais sont bien accueillis par les adultes comme des traces de progrès vers des apprentissages. Et parler s’apprend.

ccc