Je voudrais donner un exemple de non-sens du choix permanent de travail sur le vocabulaire tel qu’il est dans le Programme 2024. Et je pourrais revisiter de la même manière syntaxe et prononciation. Car les entrées de ce texte sont les références savantes qu’ont eues les linguistes du français au 20éme siècle et ça ne risque pas de mobiliser des enfants qui ont entre 3 et 5 ans. En d’autres termes, non, on ne peut pas faire n’importe quoi en maternelle, sous prétexte que les enfants ont tout à apprendre. Ce qu’ils ont à construire est de se sentir bien dans un monde où le langage est précieux pour dire, pour comprendre, pour inventer, pour rêver, pour penser…
D’où le principe de travail que j’ai baptisé il y a bien longtemps: l’enseignant doit s’intéresser à ce qui les intéresse.
Voici une situation prise dans le Programme en question.
« A partir de 5ans… organiser les mots en catégorie et en réseau… par exemple chercher des hyperonymes comme véhicule pour voiture, bus, vélo, etc. »
Les mots « hyperonymes » et « véhicule » ne présentent aucun intérêt pour des enfants de 5 ans. C’est au cycle 3, quand les enfants connaissent le sens de beaucoup de mots, qu’ils adorent, à partir de consignes, faire des énumérations et des tris qui aboutissent, de fait, à des catégories. En revanche, à 5 ans, ils seront par exemple intéressés par leurs exploits moteurs récents mettant en jeu des engins qui roulent.
A partir de là, plutôt que d’utiliser la « méthode du tire-bouchon » en leur faisant dire (hors situation) les noms des engins qui roulent, on peut leur proposer des activités langagières (en situation) motivantes parce que nouvelles pour eux.
Exemple de démarrage de séquence, qui sera un « événement » au sens où il va y avoir évocation de connu ET d’inconnu.
« Aujourd’hui, vous allez apprendre des choses sur tout ce qui vous sert à vous déplacer. C’est tout ce qui a des roues, pour aller plus vite que quand on marche. On en a beaucoup dans l’école. On va d’abord partir en découverte en allant voir ce qui roule et qui est dans la maison du matériel de la cour. Et vous monterez dessus pour que je vous explique ce que c’est qu l’EQUILIBRE!! Maintenant que vous êtes grand, ça va vous intéresser. »
Après cette expérience, les enfants entendront l’enseignant qui explique que les bébés, au début, ne peuvent pas tenir en équilibre, et ou bien on les porte ou bien on les met dans une poussette. Une fois qu’ils sont plus grands, ils commencent à marcher en cherchant un EQUILIBRE (ils écartent les bras pour ne pas tomber). Et quand ils sont encore plus grands ils apprennent à courir sans tomber. Et quand ils sont encore plus grands (comme eux!) ils peuvent se déplacer sur des machines qui roulent. C’est une autre façon de tenir en équilibre. On va regarder un enfant qui se déplace en draisienne. Puis un enfant en trottinette…
On remarquera que l’enseignant ne pose pas de question. En revanche, comme ces activités vont intéresser les enfants, ils vont se mettre à parler, et même peut-être à discuter.
Ah quel beau vocabulaire!!!
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