Octobre 2025
Voici quelques éclaircissements en réponse aux questions des collègues sur le vocabulaire dans le Programme 2024.
- « Je ne comprends pas comment on peut avoir un programme aussi inadapté à l’école maternelle. Tous les avis que j’ai trouvés sur internet sont négatifs, comment est-ce possible ? »
On peut penser que ce texte renvoie, d’une part, à une réalité scientifique et d’autre part, à un choix politique.
Du côté scientifique, il faut savoir que l’acquisition du langage s’est constituée en domaine de recherche entre la fin du XIXème siècle et le XXème. Celui-ci a débuté par des descriptions et analyses faites par des papas (et quelques mamans) curieux de comprendre la conquête du langage de leurs propres enfants[1]. Ces pères curieux sont d’horizons divers, intellectuels naturalistes, philosophes, médecins, psychologues, linguistes… Ils prennent des notes écrites de manière très méticuleuse sur ce qu’ils observent des productions verbales et comportements de l’enfant, durant toutes ses premières années. Sans savoir a priori ce qu’ils vont y trouver, il s’agit de la première méthode de recherche en acquisition du langage appelée la tenue d’un journal. Le départ des recherches étant le langage lui-même, on parle de recherche naturaliste.
A partir de 1960, les recherches en acquisition se multiplient, aidées sur le plan méthodologique par les enregistrements et les vidéos puis par la possibilité de cumuler des données grâce à l’informatique. Ainsi s’accumulent des publications jusqu’à déboucher sur la création de bases de données permettant de comparer des productions d’enfants, selon les âges, les langues, ou les situations, et très vite d’explorer certains points de l’acquisition en ciblant un seul phénomène. Ces recherches dites contrôlées vont se multiplier, notamment dans les laboratoires. La méthodologie est souvent très contrainte : enfants sanglés dans des fauteuils de laboratoires qu’ils ne connaissent pas, protocole avec stimuli visuels ou questions, mesures du temps de réaction, puis entraînement à des nouveaux stimuli puis nouvelles mesures des effets. Ces travaux sont très nombreux car ils se déroulent sur un calendrier restreint et permettent des publications courtes de résultats dans des revues spécialisées, notamment américaines. C’est ainsi qu’on peut lire des centaines d’articles portant sur l’apprentissage du vocabulaire, chaque année, à partir de 1970.
Tout oppose ces 2 types de recherche sur le fond : les premières qui se déroulent sur du long terme, qui partent de productions verbales spontanées, attestées en milieu familier des enfants, et qui débouchent sur la régularité de processus d’acquisition, ont comme défaut de ne concerner que peu de sujets enfants.
A l’inverse, les études du second type partent d’hypothèses choisies, s’inscrivent dans des situations contrôlées avec des sujets enfants choisis, et, grâce à des protocoles expérimentaux très précis, valident ou invalident les hypothèses. Ces résultats passent toujours par des calculs à l’aide de système dorénavant standards.
En réalité, les 2 types de recherches sont complémentaires : les unes sont qualitatives, les autres sont quantitatives. Mais ce sont 2 mondes.
J’appelle les première, la vraie vie.
J’appelle les secondes, les labos.
Là est la principale bascule du Programme 2024. Tous les textes des recommandations officielles pour l’Ecole maternelle depuis leur existence (1977, 1986, 2002, 2008, 2015, 2021) ont été inspirés de la philosophie « naturelle » du langage telle que les premiers chercheurs l’ont voulue : l’expression et la pensée-réflexion des enfants sont les principaux objectifs et il est conseillé aux enseignants de se comporter comme de « bons parents » quand ils parlent à leurs enfants. Le texte de 1977 précise même : « le langage ne s’enseigne pas, on le sait, mais se construit par un effort personnel et permanent de l’enfant qui discrimine, dans les « modèles » adultes, les mots nécessaires à l’expression de ses désirs ou manifestant ses émotions ». Il faut dire qu’on vient alors de découvrir la force des travaux de Jérôme Bruner qui remettent en question la vision structurale d’un développement par stades de Piaget. Dorénavant, le développement d’un enfant dépend de l’art utilisé par les adultes pour l’aider à parler et à entrer dans la culture (Savoir faire, savoir dire, 1983).
Dans le programme 2024, la soit disant progressivité des acquisitions du vocabulaire est à l’opposé de cette philosophie ; on y trouve, d’un côté des enfants vides, et de l’autre un enseignant qui les remplit méthodiquement, quantitativement, régulièrement : « La progressivité des acquisitions implique de commencer par les mots relatifs aux actes du quotidien… Chaque réseau lexical travaillé doit nécessairement être composé de verbes, de noms, d’adjectifs, de mots grammaticaux et d’expressions. Ainsi, dès son entrée à l’école maternelle, l’élève s’approprie progressivement un vocabulaire plus étendu, plus précis et plus spécifique dans tous les domaines d’enseignement ».
Il est tentant d’interpréter ce choix comme un reflet de ce qui se passe dans les laboratoires. Car non seulement tous les paramètres des situations scolaires sont choisis et maîtrisés mais en plus, on peut en mesurer les effets en comptant les mots réutilisés. Voilà le quantitatif. C’est un choix scientifique : on n’a plus besoin de parler de langage, la langue est l’objet de travail parce que ses unités sont dénombrables. Paraphrase : au diable les sujets enfants, vive les élèves. C’est un choix politique : plus les recommandations seront précises, plus les enseignants seront dans la contrainte et plus il sera facile d’évaluer leur travail. Paraphrase : au diable la liberté pédagogique, vive les techniques d’enseignement programmé.
- 2 Je me pose la question des corpus de mots demandés dans le nouveau programme. Il me semble que ni moi, ni les enfants, ni personne ( ?) ne « choisit » un mot pour parler. Je crois avoir lu ça dans ce que vous avez écrit
Et oui, tu as raison ! les humains, tous, sont programmés pour mobiliser en permanence une activité qu’on appelle langage qui est non-consciente et involontaire.
Je compare souvent cette activité à une fabrique de sens, qui fonctionne tout le temps, même quand on écoute quelqu’un, même quand on est seul, et même quand on dort. Chez le petit d’homme, ces « bouts » de sens, accompagnés d’images mentales, peuplent sa tête très tôt. Et comme « ses » adultes vont aussi lui adresser du sens dans leurs énoncés en langue, l’enfant va s’emparer de morceaux de ce qu’il entend, sans savoir qu’il s’agit d’une langue. Son seul problème c’est se faire comprendre. Il va peu à peu produire lui-même des énoncés proches de ceux qu’il entend chez les adultes de son groupe social. Et la classe est un groupe social qui compte pour lui.
C’est ensuite l’apprentissage de l’écriture-lecture qui va lui permettre de mettre cette activité « à distance », en essayant d’écrire -coder quelque chose qu’il dit, en essayant d’entendre et re-entendre ce qu’il va commencer à lire… Il entre lentement dans une époque de conscientisation de la langue, c’est ce qu’on appelle un comportement métalinguistique. Mais ce n’est pas très intéressant pour un enfant parce que ça ne « parle » pas et surtout ça ne parle pas de lui. Cela explique les difficultés que vont avoir les maîtres à enseigner la grammaire et le vocabulaire en élémentaire. Mais ça explique aussi que les préconisations du Programme 2024 pour le vocabulaire seraient idéales en cycle 3, au moment où les enfants découvrent que les mots ont des significations, des fonctions et des morphologies. En décrétant que l’école maternelle était obligatoire, le Ministère a aussi choisi de supprimer sa spécificité maternelle.
- 3 Je vais être inspectée cette année et je pensais jouer avec les 3 enfants les moins à l’aise à l’oral dans ma classe. J’ai une petite section. Mais mes collègues me disent que l’inspectrice demande qu’on écrive les mots nouveaux pour que les enfants les mémorisent. Qu’en pensez-vous ?
C’est vraiment une bonne idée de vouloir montrer que tu travailles pour aider les enfants qui ont le plus besoin de l’école. Mais tu dois faire attention à ne pas passer pour quelqu’un qui choisit la facilité. Il te faut pouvoir montrer un cahier de préparation dans lequel on tu as noté des relevés de classe (X ne vient jamais au coin jeu, Y n’a pas du tout participé au jeu du regroupement…) et des activités ciblées pour accompagner les progrès de ces enfants de temps en temps (aujourd’hui je vais proposer à Y de montrer le livre OOO en tournant les pages en même temps que je le raconte, devant le groupe).
Pour ce qui est d’écrire des mots quelconques devant des enfants de 3-4 ans, tu peux dire que tu penses que ça n’a pas de sens puisqu’ils ne savent pas ce qu’est un mot et sont loin de la lecture. D’ailleurs, dans ce programme 2024, tous les exemples de la partie sur l’oral (vocabulaire, syntaxe, articulation, discours) se font uniquement oralement.
La seule écriture qui intéresse les petits en début d’année, à condition d’en faire des moments individuels valorisés, c’est celle de leur prénom que tu expliques, montres, et relis devant eux. Ils sont souvent fascinés. C’est la représentation de l’écrit qui est alors en jeu, c’est un objectif très différent de l’oral.
- 4 Je vais commencer mon mémoire CAFIPEMF et il portera sur le vocabulaire en MS – GS. Quelles références bibliographiques sont indispensables ?
Il serait bon de savoir comment tu vas traiter cette question un peu « tarte à la crème » pour l’instant.
Si tu veux coller au Programme actuel, je ne voudrais être à ta place.
Indispensable : le livre publié par le Ministère, sur EDUSCOL, Pour enseigner le vocabulaire à l’école maternelle. La courte introduction est parfaite. Ensuite c’est autre chose. On se demande qui sont « les experts » auteurs de ce texte.
Si tu veux rappeler que les recherches montrant que les enfants apprennent des mots essentiellement dans les échanges verbaux ordinaires avec des adultes ET en écoutant des histoires lues dans des albums, c’est plus facile. Voilà quelques références qui ne portent pas spécifiquement sur le vocabulaire mais dont les auteurs savent parler des enfants !!
-A. Gopnik, A. Meltzoff, P. Kuhl, Comment pensent les bébés, Le Pommier, 2005.
– A. Florin, Le développement du lexique et l’aide aux apprentissages, Enfance & Psy, 2010/2, n°47, 30-41. En ligne
-D. Stern, Journal d’un bébé, Odile jacob, 2012.
– A. Morgenstern et C. Parisse, Le langage de l’enfant, Presses Sorbonne Nouvelle, 2017. En ligne
– M. Brigaudiot, Langage et école maternelle, Hatier, édition 2022. Pages 21-23, 55-66, 109-116, 138-140.
- 5 Formateur de maîtres, je me demande comment je vais m’en sortir avec ce nouveau programme, notamment pour le vocabulaire. Help.
Si tu as des collègues qui réclament l’application de ce programme et disent « ah enfin quelque chose de simple à appliquer », c’est-à-dire qui ont besoin de guide pour avoir le sentiment d’enseigner vraiment l’oral, j’aurais tendance à conseiller les outils de Sylvie Cèbe : Catégo (Hatier) et Narramus (Retz). En leur expliquant que ce sont des outils avec enseignement programmé mais bien plus adaptés à la maternelle que les exemples du Programme, elles peuvent s’y retrouver.
Par ailleurs n’oublie pas que ce qu’on appelle Programme 2024 ne remplace que la partie langage de 2015. Tu peux donc faire grand profit du paragraphe sur l’évaluation positive dont nous étions si fiers dans le groupe de rédaction en 2014.
Pour le langage, ça te permet d’expliquer comment font les mamans (= les adultes de la famille) pour aider leurs enfants à comprendre -apprendre des mots nouveaux. Toujours en contexte, à l’occasion (pas du tout en séquence ad hoc), et avec beaucoup de bienveillance. Elles écoutent beaucoup, reprennent les essais en les expliquant, elles utilisent l’intonation en mettant un mot en valeur, elles donnent des exemples d’emploi, elles renvoient à du connu chez l’enfant et surtout elles utilisent leur belle intuition. Je parle du fait qu’une bonne maman fait toujours comme si l’enfant avait une raison de dire ce qu’il essaie de dire. Et c’est vrai ! Un enfant ne dit jamais « n’importe quoi ». Il essaie de dire, comme il peut avec les moyens qu’il a. A partir de là, ses adultes font une sorte de V.I.P. (voir mon livre) qui le valorise et le remet sur une bonne voix.
Le problème pour toi qui aura sans doute peu de temps pour évoquer ces questions, est le I de « interpréter » dans V.I.P. Car il faut être un pro pour interpréter, c’est-à-dire avoir l’habitude de fréquenter des jeunes enfants et ne jamais s’attendre à des productions verbales comme les nôtres.
En effet, les enfants n’apprennent pas des mots qui, une fois entassés, constituent leur vocabulaire. Ils travaillent mentalement, intelligemment, pour mettre de l’ordre dans ce qu’ils ont entendu et en faire leur miel. Par exemple, un bébé autour de 1 an va appeler Papa son papa mais aussi sa maman et sa mamie. Et personne ne va lui dire qu’il se trompe de mot (évaluation négative) parce qu’il ne se trompe pas. Il a retenu la forme [papa] et ça pourrait être [mamâ], qu’il emploie pour renvoyer à tous ses adultes. Mais dans sa tête il sait très bien de quel adulte il parle, sans se tromper. On appelle ce genre de procédé l’acquisition lexicale d’un mot, c’est-à-dire la façon dont il va le mettre en mémoire. Par exemple, un enfant de 3 ans s’approche d’un robinet pour se laver les mains et, trouvant que c’est chaud, il recule et crie « c’est froid ! ». La maîtresse va lui dire : « ah je crois que tu veux dire que c’est CHAUD. Oui l’eau est trop chaude tu as raison ». La formule « je crois que tu veux dire » est bien pratique, elle est une évaluation positive. Car l’enseignante n’est pas obligée de savoir qu’autour de cet âge, il est fréquent que les enfants constituent des catégories de 2 notions complémentaires et les désignent par une seule forme : chaud-froid, dedans-dehors, après-avant, hier-demain, etc. Voilà c’est ça la magie des apprentissages langagiers du petit d’homme !!
Débrouille-toi pour que les maîtresses et les maîtres que tu formes en soient émerveillés, c’est ça qui est important pour leurs « élèves » qui sont surtout des enfants.
Ce qui se passe dans la tête des bébés est aussi riche, abstrait, complexe et puissant que ce qui se passe dans la nôtre. Les bébés pensent, raisonnent, apprennent et connaissent tout autant qu’ils agissent et ressentent. Certes, ce qu’ils pensent est souvent radicalement différent de ce que nous pensons. Les enfants sont à la fois étonnamment semblables à nous et étonnamment dissemblables.
A.Gopnik & al., 2005.
[1] Un des plus connus de ces précurseurs est Charles Darwin qui prend des notes régulières sur le langage de son premier fils né le 27 décembre 1839. Publiées en 1877, ces notes seront reprises par Romanes qui les intègrera dans une publication en français en 1891 : L’évolution mentale chez l’homme. Origine des facultés humaines, Félix Alcan éditeur.
C’est en hommage à ce travail que j’ai raconté l’histoire de la notion de « canard » dans mon livre (pages 110-111). Le fils de Darwin avait aussi montré une longue réflexion à propos de « canard » :
« L’enfant donna le nom de ‘coin-coin’ à un canard, et par une association spéciale, il donna le même nom à l’eau. Grâce à son appréciation de la ressemblance des qualités, il étendit ensuite ce mot, et le fit servir à dénoter tous les insectes et oiseaux d’une part, et toutes les substances liquides de l’autre. Enfin par une appréciation plus délicate des ressemblances, il finit par désigner sous ce nom toutes les pièces de monnaie parce que sur un sou français, il avait une fois vu l’effigie d’un aigle. »

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Je propose ici une sorte de vérification de mon texte en posant la question à l’I.A.
Puisque la réponse regroupera l’essentiel des travaux édités à ce jour (c’est sûr) regardons…
Question à ChatGPT, le 27/10/2025:
Comment les enfants apprennent le vocabulaire, entre 3 et 6 ans?
Attention! Ce qui suit en police rouge est la réponse automatique générée par I.A. avec CHAT
Entre 3 et 6 ans, les enfants connaissent une véritable explosion du vocabulaire. Cette période est souvent appelée « l’explosion lexicale » ou « le boom du vocabulaire ». Voici comment ils apprennent et enrichissent leur lexique durant ces années.
1- Par l’ exposition et l’imitation
–> L’écoute est la première source d’apprentissage: les enfants absorbent les mots qu’ils entendent à la maison, à l’école, dans les histoires, les chansons, les jeux…
–> Ils imitent les adultes et les pairs: ils répètent des mots nouveaux, parfois avec des erreurs de prononciation ou de sens, qu’ils ajustent ensuite par correction et répétition. Exemple: un enfant entend « regarde le papillon! », il répète « paillon! » puis corrige au fil du temps.
2- Par l’interaction sociale
–> Les échanges avec les adultes (parents, éducateurs, enseignants) sont essentiels.
Quand l’adulte répond, reformule, pose des questions, cela aide l’enfant à préciser le sens des mots.
–> Les conversations quotidiennes, les jeux de rôle et les discussions à plusieurs stimulent le langage actif. Exemple: « tu veux la grande cuillère ou la petite? »- l’enfant apprend les adjectifs de taille.
3- Par la lecture et les histoires
–> Les livres de jeunesse exposent les enfants à un vocabulaire plus varié que le langage oral courant.
–> Les mots sont contextualisés dans une histoire, ce qui aide la compréhension du sens.
–> Les lectures répétées renforcent la mémorisation.
Exemple: Les albums de conte permettent d’apprendre des mots comme « château », « forêt », « géant », « courageux », etc.
4- Par le jeu
–> Le jeux symbolique (« faire semblant ») favorise l’usage de mots nouveaux dans des situations imaginaires.
–> Les jeux de langage (devinettes, comptines, chansons) renforcent la conscience phonologique et la mémoire verbale.
–> Le vocabulaire s’enrichit aussi par l’exploration du monde (bricoler, cuisiner, observer la nature…).
5- Par la catégorisation et la généralisation
–> Vers 4 – 5 ans, les enfants commencent à regrouper les mots par catégories (animaux, vêtements, aliments, etc), ce qui structure leur lexique.
–> Ils apprennent aussi à généraliser (un mot peut désigner plusieurs objets d’une même catégorie) et à spécifier (différencier « chien » / « chiot » / « caniche » »).
6- Par le développement cognitif et grammatical
–> Le développement de la mémoire, de l’attention et de la grammaire permet de comprendre et produire des phrases plus complexes.
–> Les enfants passent d’un vocabulaire purement concret (objets, actions) à des mots plus abstraits (émotions, temps, relations).
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Et voici la réponse avec Perplexity.ai, une autre intelligence artificielle
Les enfants de 3 à 6 ans apprennent le vocabulaire principalement par l’exposition à la langue dans des situations variées et à travers des interactions sociales et familiales riches. Ils peuvent acquérir entre 10 et 20 mots nouveaux par jour si la stimulation est adaptée.
Stratégies courantes
- Les conversations fréquentes, le dialogue et le jeu verbal favorisent la mémorisation des mots nouveaux.
- La lecture régulière (albums, contes, histoires audio) expose l’enfant à des mots et des tournures de phrases nouvelles, même sans compréhension totale de l’histoire.
- Les jeux littéraires et de mots (devinettes, rimes, « mot du jour ») rendent l’apprentissage ludique et motivant, améliorant ainsi la rétention.
Apprentissage en contexte
- Les enfants assimilent mieux le vocabulaire lorsqu’ils font des liens entre les mots et les situations vécues : cuisiner, se promener, jardiner ou jouer sont autant de moments favorables à l’enrichissement du vocabulaire.
- Les comptines, chansons et poèmes renforcent la représentation phonologique et facilitent la mémorisation.
Astuces de stimulation
- Pointer et nommer les objets pour attirer l’attention et ancrer les mots, décrire les gestes du quotidien, théâtraliser la parole, et encourager l’enfant à s’exprimer lui-même.
- Bannir progressivement les mots « passe-partout » (truc, machin…) pour inciter à la précision et à l’utilisation d’un vocabulaire plus varié.
Évolution entre 3 et 6 ans
- L’enfant passe de phrases simples à des formulations plus complexes, utilise jusqu’à 1000 à 2000 mots à 5 ans, commence à comprendre des notions abstraites, et enrichit son langage grâce à l’imagination et à l’entrée dans le langage écrit après 5 ans.
- En résumé, un environnement stimulant et diversifié, associant discussions, jeux et lectures, permet aux enfants de développer efficacement leur vocabulaire entre 3 et 6 ans.
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Mon avis: c’est pas mal!!!
Il est clair que nulle part n’est évoqué un apprentissage à partir de corpus de mots apportés sur un plateau à un enfant… Le langage en contexte et les interactions sont bien là, tout le temps.
Alors bien sûr, le contenu de ce texte peut être rectifié. Les enfants « n’absorbent » pas les mots, ils travaillent bien plus intelligemment, on l’a vu. Les enfants ne passent pas de mots concrets à des mots abstraits: c’est ce qu’on a cru longtemps. Mais on sait bien qu’ils sont capables très tôt de bien plus que ça. Le garçon de 2 ans 2 mois que j’ai gardé hier a trouve un bateau dans les jouets et me l’a donné en disant « papa pati bateau ». Et son père était effectivement parti faire du bateau depuis plusieurs jours.
Il manque aussi tous les cas particuliers car tous les enfants ne construisent pas leur lexique selon les mêmes principes.
CONCLUSION
D’un côté, on a une réalité qui nous dit que les enfants apprennent à parler en parlant, dans la vraie vie, et essentiellement avec des adultes en qui ils ont une immense confiance.
D’un autre côté, on a des injonctions ministérielles, renouvelées depuis des années, qui considèrent le bon enseignement comme une instruction de mots de la langue. « Présentés » (c’est comme ça que les textes évoquent la situation, je ne sais pas ce que ça veut dire) par la maîtresse ou le maître qui s’évertue à faire redire ces mots par les enfants. De fait, c’est une pratique considérée comme « scientifique » parce qu’elle a ses origines dans les labos.
Or la classe n’est pas un labo. C’est la vraie vie. heureusement.
Les membres du Conseil Supérieur des Programmes sont responsables de ce choix.
Et l’autre explication de cette voie de garage est qu’il est très difficile de considérer que les enseignants enseignent quand ils ne font « QUE » parler aux enfants dans une situation ordinaire d’échange verbal. Et pourtant c’est ça le vrai travail en maternelle!!! Nous devons le revendiquer. En voilà un exemple.
Regroupement, MS, Novembre
M – (montre le calendrier) aujourd’hui, on est le 13 novembre
Enfant P – y’a le photographe!!!
Enfants M et R – y’a le photographe!!
M- ah mais comment vous le savez?
Enfant X – parce que tu l’avais écrit
M – bravo! oui vous vous en souvenez, ici j’ai écrit « photographe », c’est le métier du monsieur qui vient faire la photo de la classe
Enfant S – moi je veux être photographe
Enfants XXX – on va faire la photo!!!
M – Oui. On ira faire la photo, peut-être le matin ou peut-être l’après-midi. On va être patients. On va attendre qu’il nous appelle et on ira.
Enfant S – c’est quoi « être patient »?
M – ah oui c’est bien que tu le demandes. On dit qu’on est patient quand on sait ATTENDRE, alors qu’on a envie que ça arrive vite, vite, on s’empêche d’aller vite, on reste tranquille et on attend. C’est comme ça qu’on est patient.
Enfant R – moi je peux pas être patient quand maman me donne un Kinder.
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