Voici les enfants de la Petite Section suivie cette année. Ils sont appelés par 3 des lettres de leurs prénoms. Le plus âgé a 3;08 (3 ans 8 mois =nombre d’années;nombre de mois). Le plus jeune aura 3 ans le mois prochain.
Cette précision d’âge est particulièrement importante car les acquisitions langagières et cognitives montrées dans les recherches autour de 3 ans et demi – 4 ans sont:
– une certaine « conscience » de soi et l’emploi de « je » pour s’auto-désigner,
– des traces d’une grande activité sur les premiers repérages temporels,
– des traces d’une première « conscience » de sa propre pensée et de celle des autres. C’est le début du point de vue.
Ces 3 grands progrès correspondent aux repères que nous utilisons toutes et tous quand nous parlons: on les appelle les repères de l’énonciation. J’expliquerai en quoi c’est bien différent de ce qu’on entend par « phrase ». Cette différence entre « énoncé » et « phrase » est importante lorsqu’on essaie de comprendre la différence entre le dernier projet de programme de 2024 et celui de 2015 auquel j’ai participé. C’est ce que je résume quand je dis que, en maternelle, » plus on vise la langue, moins on travaille le langage« . On est hors zone d’apprentissage quand a des attentes en modèles de la langue française. Ce que les jeunes enfants s’approprient quand ils vont bien et qu’ils ont des enseignants formés, c’est le langage.
Je reviendrai sur le terme « conscience » avec des guillemets.
On espère assister à ces progrès merveilleux cette année.
1 | ILY | G | 01/2021 |
2 | ABO | G | 01/2021 |
3 | YOU | G | 03/2021 |
4 | OLI | F | 03/2021 |
5 | MAN | F | 03/2021 |
6 | LYS | G | 05/2021 |
7 | ADA | G | 06/2021 |
8 | CHE | F | 06/2021 |
9 | MAÏ | F | 06/2021 |
10 | ARI | F | 07/2021 |
11 | MIN | G | 07/2021 |
12 | AND | F | 08/2021 |
13 | ANY | G | 08/2021 |
14 | MOH | G | 09/2021 |
15 | YAN | G | 09/2021 |
16 | INA | F | 10/2021 |
17 | LYD | G | 10/2021 |
18 | BAD | G | 10/2021 |
19 | PAP | G | 10/2021 |
La rentrée s’est bien passée: pratiquement plus de larmes dès la deuxième semaine.
17 enfants sur 19 viennent dorénavant toute la journée.
2 enfants ne sont pas propres: PAP et ADA.
Des évènements ont déjà eu lieu car AND et ANY, nés en août, ont fêté leurs anniversaires de 3 ans!
Matinée type
– accueil dans la classe avec les parents (jeux à disposition)
– 1er regroupement: chanson avec gestes (une seule pour l’instant) ; appel par M pour que les enfants apprennent leurs prénoms
– passage aux toilettes, lavage de mains puis collation (fruits ou compote car certains enfants n’ont pas déjeuné)
– 2ème regroupement: écoute de musique
– 9h30 à 10h motricité (avec 6 enfants d’une autre classe et un adulte supplémentaire car il n’y a pas assez de créneaux horaires le matin pour toutes les classes)
– 10h à 10h30 récréation
– activités sans consigne dans la classe: coin-jeux ou plots de couleurs
– rangement de la classe
– 3ème regroupement: lecture d’histoire
Quelques remarques à propos de ce déroulé matinal.
1- dans le cadre d’une PS de REP +, il faut, plus qu’ailleurs, respecter l’ordre de ce déroulé. Car si les très jeunes enfants n’ont pas conscience des durées, en revanche ils savent très bien repérer des régularités dans ce qu’ils vivent. Et lors de cette première scolarité, c’est ce qui leur permet d’anticiper sur ce qui va se passer. Et quand on peut anticiper on a moins peur. C’est dans cette optique que nombre d’enseignants affichent des photos correspondant à chacun des épisodes de la matinée pour entraîner les enfants à les mettre « dans le bon ordre », c’est-à-dire comme on le fait chaque matin.
Dans cette optique également, il est parfois bon d’utiliser un signal indiquant un certain changement: une boîte à musique par exemple pour dire qu’on va écouter telle ou telle chose.
2- Les regroupements sont des repères importants parce que c’est là que les enfants attendent un événement particulier. Certains maîtres, connaissant bien l’attachement des enfants de cet âge au « pareil – pas pareil », introduisent dans ces moments, des surprises. Attention, il ne s’agit pas du tout de les surprendre par de l’inconnu. Ces enfants aiment retrouver ce qu’ils connaissent bien mais aiment aussi qu’une mini dose de nouveauté accompagne cette expérience. C’est ce que j’appelle le pareil pas pareil. Exemple: depuis plusieurs semaines, M sort son cahier d’appel en disant toujours la même chose (je prends mon grand cahier où je lis tous vos prénoms et je vais noter s’il manque des enfants ce matin) et en faisant lentement toujours la même chose. M regarde son cahier (elle lit), prononce un prénom, lève la tête et attend une réponse de quelqu’un. Je décris ainsi précisément les actions de M parce que c’est ce que comprennent les enfants.
Un matin, elle prévient les enfants: je vais noter sur mon grand cahier mais c’est pas comme d’habitude, c’est une petite surprise. Au lieu de dire le prénom d’un enfant je vais le décrire, dire comment il est ce matin. Je commence. C’est une fille, elle rigole souvent, elle a des cheveux marron, elle a un chignon ce matin parce que sa maman lui a attaché les cheveux, et elle a un tricot rose.
M apprend beaucoup de choses sur chaque enfant dans ce type de situation. Elle repère les enfants intéressés qui cherchent et ceux qui ne comprennent pas l’activité attendue. M commencera par ces enfants-là le lendemain.
3- On remarque que le 2ème regroupement est l’écoute de musique. C’est bien mais en milieu REP+ peut-être est-il plus profitable aux enfants de les habituer aux caractéristiques de la langue française. Et certaines comptines mimées sont particulièrement efficaces. Voir les détails dans mots-clés –> comptines pour comprendre leur choix, les manières de les dire et ce qu’elles apportent aux enfants. Surtout ceux qui ne parlent pas du tout français. Dans cette classe, c’est le cas par exemple de PAP qui ne parle que le wolof.
Et notre expérience de TPS nous a montré l’enthousiasme des enfants pour ces comptines.
4- Le moment de l’histoire doit être traité comme un cas très particulier. Il faut avoir choisi le support (magazine ou album) chez soi, en réfléchissant à ce dont les enfants ont besoin. Un déroulé en plusieurs étapes permet aux enfants de se préparer à quelque chose. Evitez de leur faire deviner ce qui va se passer dans le livre ça n’a pas de sens. Au contraire, dites-leur et montrez-leur ce qui va s’y passer. Parce que pour la plupart d’entre eux il s’agit de leurs premières rencontres avec des livres. Si vous commencez par leur montrer une ou deux images, en parlant, ça suffit (ex: regardez, voilà un garçon, il s’appelle Jeannot, c’est son histoire que je vais vous raconter). Et essayez de maintenir leur attention. Utiliser les bons mots pour renvoyer à vos activités de lecteur: je montre, je raconte, je lis, je tourne la page.
Ce moment très important mérite donc une plage horaire très protégée: assez longue (jusqu’à 10 minutes) et non-interrompue. Il est donc conseillé d’éviter la fin de matinée si certains enfants sont appelés pour le départ à la cantine
La classe de M et le langage
M a rempli un tableau comme l’avait fait la maîtresse de TPS.
Devant chaque prénom d’enfants, j’ai eu ses remarques dans 3 domaines: le langage oral (compréhension et production, y compris sans langage articulé), les jeux spontanés (ce qu’il fait dans la classe quand il est libre de choisir), son attitude par rapport aux autres enfants (notamment quand il veut un objet qu’un autre enfant tient dans la main).
Par ailleurs, M m’a raconté, expliqué, des moments de sa classe. A partir de là, voilà l’état de ses préoccupations en cette fin septembre.
2 enfants prioritaires: ILY et PAP
Ils ne sont pas intégrés au groupe, même s’ils sont très différents. L’un parle très bien mais a de nombreuses crises de larmes (souffrance) et l’autre ne parle pas du tout et se bouche les oreilles.
Pour eux, M prévoit des rendez-vous parents pour leur demander à quoi ils jouent à la maison et comment ils s’occupent. Beaucoup de précautions « affectives » sont nécessaires pour ces enfants: leur laisser leur doudou, leurs vêtements s’il ne veulent pas les enlever et les accompagner dans les coins-jeux pour essayer de les enrôler dans des activités symboliques (pour les garçons, il est bon d’avoir des petites voitures et une piste). Enfin, s’ils montrent toujours des traces de malaise (pleurs difficiles à calmer) on peut demander aux parents de rester un peu plus longtemps en classe à l’arrivée du matin. Eux ou un grand frère ou une grande soeur. En expliquant à l’enfant qu’il ne sera jamais tout seul à l’école: tout le monde rentre à la maison tous les soirs, il faut le répéter.
Quand M est très inquiète pour le langage elle peut faire des petits tests avant d’aller chercher de l’aide. Voir PS / Vigilances
3 enfants fragiles:BAD, MAN, AND
Les 2 premiers sont très jeunes, BAD n’aura 3 ans qu’en octobre.
Ces enfants ont pleuré à la rentrée. Ils commencent à être intégrés au groupe mais c’est fragile. Ils semblent parfois ne pas comprendre ce qu’ils peuvent faire.
Pour eux, M pourra envisager de choisir un ou deux matins, à l’accueil, qu’elle leur consacrera. En prévenant les parents pour ne pas être dérangée c’est un bon moyen pour montrer à ces enfants qu’ils ont leur place dans cette classe. Pendant quelques minutes, régulièrement, M peut avoir un livre connu dans les mains, ou un jeu, mais toujours en attention conjointe (M est assise entre les enfants et les regards sont sur l’objet).
14 enfants: bien intégrés dans cette classe, parfois parleurs et parfois joueurs coopérants! Comme sur cette photo.
C’est très positif. A noter l’effet facilitateur des années précédentes: 5 enfants ont fait la TPS de REP + et 4 étaient en crèche.
M est donc une maîtresse contente de sa rentrée et de sa classe.
Afin de valoriser les réussites des enfants, elle a mis en route les « cahiers de progrès ».