Bravo

Ce qu’une maîtresse ou un maître dit et fait au sujet d’un enfant a des conséquences considérables, à court terme, à moyen terme, à long terme. Cet adulte a un statut unique pour l’enfant: c’est celui qui sait, qui décide, qui commande, qui est sûr de lui, etc. Il faut profiter de ce statut particulier pour renvoyer aux enfants le reflet le plus beau possible de leurs capacités. C’est ce qui explique le fait que le DVD produit par le SNUipp a fini par avoir comme titre: « Bravo! A la maternelle on apprend! ». Les tournages dans 3 classes ont été entièrement retranscrits et là, surprise, les maîtresses disaient tout le temps « bravo! ». En REP notamment, certains enfants n’ont que l’école pour entendre « ce qu’ils valent ». Pour un petit, le moindre progrès pour nous est un exploit, un pas de géant pour lui. Et si on le valorise, il va refaire ce qui vient d’être valorisé: il va s’auto-apprendre.

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Mais quand démarre ce rôle magnifique du Bravo! qu’on adresse aux enfants?

Très tôt dans la vie, les parents, sensibles aux nouveautés que montre leur tout petit, se mettent à le féliciter. Bien avant le langage articulé. Souvent les bravos concernent des exploits moteurs, très visibles. Et le bravo des parents s’accompagne de l’applaudissement, ce qui enchante le petit.
Voici Grégoire à 13 mois. Il a vu des adultes qui enfilaient les anneaux dans ce support et qui se mettaient à applaudir en criant Bravo! dès qu’il prenait un anneau et avançait la main. Les adultes anticipent en effet un peu les réussites quand ils connaissent bien l’enfant: ils le félicitent AVANT les réussites. Cela signifie que cet exploit est loin d’être seulement moteur. C’est une connivence adulte – enfant: « je sais que tu vas y arriver » -> « je sais que je vais y arriver ».


Et ça y est, il y arrive! Grégoire s’auto-félicite, très heureux.

Ces moments sont des boucles vertueuses: un adulte félicite, l’enfant récepteur se sent valorisé et il montre à d’autres adultes les exploits dont il est capable. Du bonheur.